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Tears welled up in her eyes

.. légèreté .. petit comme un caillou
Confession

J'ai froid
Je suis en état de délabrement avancé
Je pense que je vais arrêter de penser
J'écoute unbreakable Scorpions
J'ai envie de calme
Il faudrait que je trouve un sens à tout ça

une entité
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mes deux moitiés

Deux âmes perdus. Si proches l’une de l’autre.

La première, porteuse de tant de haine, de dégoût. Ses yeux noirs qui repoussent toute caresse, toute douceur de son aura si sombre.

La deuxième, tournée vers le ciel comme pour s’imprégner de cette quiétude, cette paix.

Issues de mon cœur, elles sont similaires mais pourtant tellement différentes.

Leurs regards se croisent … jumelles opposées.

L’affrontement est inévitable.

 

L’obscurité se jette dans la lumière, se rue sur sa sœur, lui empoigne les cheveux, rejetant sa tête en arrière. Elle s’abaisse, lui murmure à l’oreille, déverse son venin.

« Si tu savais comme je te déteste. A quel point je te méprise.»

Elle lui passe la main sur le cou

« Tout est de ta faute »

 

Son autre vacille, se met à trembler

« Non. Je fais de mon mieux pour … J’essaie de me faire toute petite. De disparaître à vos yeux. »

 

Dégoûtée par tant de faiblesse, elle la gifle et lui crache au visage

« Mais ouvre les yeux. Ose affronter la réalité. J’ai beau lui faire du mal, mutiler son corps, tu restes insipide. Il n’y a pas assez de cicatrices ? »

 

Ailleurs mes muscles se raidissent face au combat qui s’annonce.

 

L’injuriée se redresse

« Regarde-toi. Tu me dis d’ouvrir les yeux mais nous sommes deux à devoir le faire. Tu cries. Enfouie au plus profond de son cœur, je t’entends encore hurler. Pauvre hallucinée, tu n’as pas compris que tu ne servais à rien ? Tu peux te déchaîner, la couvrir de traces sanguinolentes, ça ne changera rien. Personne ne t’écoute. »

 

Flamboyante de haine, l’obscurité d’acharne sur son adversaire.

« Tu ne comprends pas. Sale gamine, regarde-moi. Plonge tes yeux dans les miens. »

Puis elle se met à frapper, animée par une aversion viscérale. Elle griffe, arrache, mord. Le sang doit couler, noyer les faiblesses.

Sa main se referme sur la gorge.

Serre …

 

Loin d’elles, mon corps se cambre. Mes deux moitiés s’affrontent.

 

Elle essaie de se libérer, s’agite mais sa jumelle ne lâche pas prise.

 

Aucune ne doit mourir. Sinon je ne tiendrais pas. Mes yeux se révulsent.

 

Aveuglée de tâches sombres, son cœur ralentit.

 

Il faut qu’elle résiste. Encore. Mais je la sens faiblir. Je concentre mon esprit, rassemble mes forces. Je dois la sauver.

 

Elle se sent glisser, sombrer inexorablement. Ses pensées s’effondrent.

Une rafale.

Son assassin est balayé, projeté plus loin.

Sauvée mais proche de l’évanouissement, elle tente de se retourner. Elle se sent si vide.

 

A quelques mètres, sa rivale se redresse.

« Qu’est ce que tu as fait ? »

« Je ne sais pas »

« Menteuse ! Malgré tous les coups que je peux te donner, je sens les étincelles dans ton cœur. C’est ça qui t’a sauvé ? Que sont-elles ? De l’espérance ? »

Elle regarde sa victime à terre et rigole.

« Pauvre âme, tu es si faible. En quoi crois-tu ? En quoi peux –tu croire ? »

Elle s’arrête, regarde autour d’elle. Cela ne fait que raviver sa colère. « Tout ce qui nous entoure est si sale » pense-t-elle.

Elle s’approche du corps tremblant et se met à hurler

« En quoi peux-tu avoir foi ? »

 

J’ai réussi. Elle est vivante. Tout ce vacarme dans ma tête. A cause d’elles. Faîtes qu’elles se dépêchent. Je suis si lasse.

 

Sa sœur essaie de se relever mais ses muscles cèdent. Elle reprend son souffle.

« J’ai foi en l’avenir. En la lumière qui m’inonde chaque jour. Au vent qui me berce. Aux sourires sur le bord des lèvres. »

 

Sa jumelle soupire

« Tu es trop crédule »

« C’est faux. Ce qui nous entoure n’est pas sale mais abîmé. Ce n’est pas perdu. Je crois aux hommes, au devenir de cette planète. Regarde comme les hommes sont capables de générosité, de solidarité. Parce qu’il y a tellement de lumière au fond d’eux. Voilà en quoi sont placées mes espérances. L’humanité. »

« L’espoir n’est plus possible, c’est un leurre, un voile pour recouvrir la réalité. Les hommes n’ont aucun avenir. Ils se sont enchaînés, piégés eux-mêmes. Autour de nous c’est si triste. Tu parles de sourire mais je n’en vois aucun. Juste des têtes baissées. Une léthargie générale. Un brouhaha oppressant. Une limitation de chacun à lui-même. La générosité et la solidarité se sont faîtes dépassées par l’enrichissement et l’individualisme."

 

L’autre plisse les yeux

« IL n’y a pas que colère en toi, n’est ce pas ? Je perçois autre chose … de la peur ? »

« C’est vrai. Je suis terrifiée. Mortifiée par ce qui peut nous arriver. Je suis perdue … »

 

Sa jumelle poursuit

« … et je me sens si seule au milieu de cette masse d’uniformité. Il n’y a pas assez de place. Errante dans cette foule … »

« … qui sommes-nous ? »

Elle sent quelque chose sur son épaule, relève la tête.

 

Dans un ailleurs bien différent, un corps sursaute, bourdonnant d’une question « qui sommes-nous ? »

J’ouvre les yeux « Moi ».

Je songe à mes deux moitiés, ces deux jumelles. La dernière image qu’il me reste d’elle, gravée dans mon esprit. L’une accroupie, une main amicale posée sur l’épaule de l’autre. Réunies.

Elles sont en moi, ma gorge obstruée par leurs larmes.

Ecrit par Tilt, le Mercredi 2 Mars 2005, 17:41 dans la rubrique - Place for my mind.


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