Tears welled up in her eyes

Elle les regarde de toute sa noirceur.

Elle aimerait saisir une arme et les tuer tous. Non … pas avec une arme. Elle préfèrerait un affrontement physique, bestial. Les coups sur la chair, les chocs des corps qui s’abîment et la haine dans les mouvements. Chaque geste calculé pour blesser, tuer.

Elle voudrait les décimer avec autant de rage pour chacun. Parce que son aversion est inépuisable, qu’il lui suffit de regarder autour d’elle pour la raviver.

Les voir disparaître derrière sa fureur. Elle vous hait, de tout son être, de toutes ses forces.

Mais tout ça reste bloqué entre son cerveau et ses muscles. Il manque l’ultime rouage qui la ferait passer à l’acte.

Elle craque, s’effondre telle les bâtiments que l’on explose à coup de dynamite. Elle ne s’en reconstruit que mieux.

La promesse que ça n’arrivera plus, que tout est fini….. Jusqu’à la prochaine fois. Elle est désolée, vraiment. Mais à quoi bon être désolé si c’est pour recommencer encore. Cette fois elle te jure que c’en est assez, qu’elle n’y touchera plus, crois-là, une dernière fois … pour elle. Elle te promet parce qu’il y a eu un déclic. Elle va faire des efforts pour ne plus jamais porter de traces.

Elle refuse tout. Elle croit que tout gérer, tout faire par elle-même est une marque de responsabilité. Elle ne veut devoir qu’à soi-même. Faire le maximum toute seule. Pour apprendre, voir.

Pourtant elle est si lumineuse, parfois le soleil est jaloux d’elle. Jaloux des sourires qu’elle distribue. Parce qu’il n’y a pas que cette obscurité opaque en elle. Parfois, elle se sent si légère, elle envoie ses sourires à tout le monde, à n’importe qui. Elle rend service, elle aime apporter son aide. Si minime soit-elle, c’est une étoile de plus dans son cœur.

Elle aimerait être serrée par des bras tièdes et tendres dans lesquels elle s’oublierait. En fait, elle ne sait pas vraiment. Elle est bien toute seule. Ne pas prendre de risques, ne pas forcer sur la dynamite de peur que ses bâtiments explosent trop fort. Comme chacun, elle voudrait des bras, certes, un peu d’amour. Parce que c’est joli, doux, que ça chatouille. Elle a le temps de toute façon, elle a tout son temps. Même si son cœur égrène ses minutes de solitude en soupirant. Quelquefois … pas toujours. Elle se sent libre. Alors elle ne sait pas trop. Elle n’y réfléchit pas plus que de raison. Au fond, elle n’y peut rien. C’est le hasard qui la trouvera, au détour d’une rencontre, elle trouvera peut-être une main à glisser dans la sienne.

Malgré tout, elle ne se laisse pas approcher. Il est vrai qu’il y a quelques barricades à franchir. Simple protection. Réflexe instinctif. Avec certains, elle nargue, joue, savoure, se délecte de la confusion provoquée … mais pour elle ce n’est qu’un jeu. Par égoïsme qu’elle fait ça, elle aime se sentir  apprécier, désirer. Mais elle peut être aussi entière, cependant elle évite, elle est mauvaise perdante.

Contre toute attente il y en a un qui attend, une patience émerveillée par cet être.

Il suffirait qu’elle demande mais les murs qu’elle érige sont trop hauts pour qu’elle s’en aperçoive. Oh non !! Elle l’a bien aperçu, il y a quelques étroites fenêtres à ses tours pour surveiller. Elle l’a bien vu frapper à sa porte … qui ne s’est pas ouverte. Derrière le battant, elle a hésité, fermer les yeux pour mieux réfléchir. Mais sa porte restera fermée. Ce n’est pas par peur, non. Elle l’a bien dévisagé à travers son judas, elle a vu qu’il ne pourrait pas lui faire de mal. C’est juste que son cœur ne bat pas plus fort quand elle le voit, qu’il n’y a pas ce petit souffle en plus qui la ferait ouvrir sa porte en grand. Elle reste tremblante derrière sa porte, fermant ses paupières pour ne pas voir le visage de son visiteur quand il comprendra. Quand il saura que cette porte lui restera fermée. Elle s’en veut de voir des larmes couler sur ses joues.
Alors elle remonte vite, dans sa chambre. Elle s’enfouit sous les draps, respire tout bas.
Tears welled up in her eyes.